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Naufrage Erika : le mauvais exemple

mercredi 20 novembre 2002
L’Humanité

Deux ans après la catastrophe, la moitié des demandes n’ont pas été satisfaites. Le fonds d’indemnisation invite les victimes non indemnisées à le poursuivre en justice pour ne pas perdre tous leurs droits.

Le 12 décembre 1999, le pétrolier maltais Erika se brise en deux avant de couler au large du Finistère, déversant 20 000 tonnes de fioul. Les conséquences écologiques et humaines sont dramatiques : 400 kilomètres de littoral pollués, des milliers de sinistrés. Le coût de la catastrophe est estimé à 910 millions d’euros, dont la moitié aux dépens de l’industrie touristique. Trois ans après, où en est l’indemnisation des victimes ?

Le Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL) a pris en charge les demandes à hauteur de 80 % des montants sollicités par les sinistrés. L’État, à travers le plan Polmar, et les collectivités (région, département) apportent le complément. Après sa mise en examen en novembre 2001, la société TotalFinaElf qui affrétait le navire s’engageait à dépenser autour de 175 millions d’euros pour le pompage, le nettoyage des côtes ou encore le traitement des déchets.

Deux ans après la catastrophe, près de la moitié des demandes n’avaient pas encore été satisfaites et l’organisme international n’avait remboursé que 25,6 millions d’euros sur les 183 dont il disposait au moment de la catastrophe. Selon son porte-parole, Bertrand Lemaire, le bureau installé à Lorient a reçu, début septembre, 6 271 demandes et 70 % d’entre elles ont fait l’objet d’un accord à l’amiable tandis que le montant total s’élève à plus de 161 millions d’euros. Au même moment, les professionnels de la mer et du tourisme avec la Confédération maritime ont évoqué le cas des personnes qui n’étaient pas encore indemnisées, comme les 270 pêcheurs à pied de palourdes du golfe du Morbihan. Reste aussi le cas des sauniers de Guérande et de Noirmoutier. Enfin, 12,7 millions d’euros issus du fonds de responsabilité de l’armateur sont encore à répartir.

Curieusement, le FIPOL demande aux victimes de la marée noire qui n’ont toujours pas touché d’argent de l’assigner en justice afin qu’elles ne perdent pas leurs droits qui cessent le 12 décembre prochain, au troisième anniversaire de la catastrophe, également date limite pour déposer une demande d’indemnisation.

Ludovic Tomas


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/journal/2002-11-20/2002-11-20-127478