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Le Fipol : « Pas à rougir de nos délais »

mardi 28 novembre 2000
Ouest France

Les demandes d’indemnisation des victimes de l’Erika continuent d’affluer à Londres au siège du Fipol. Son administrateur, Mâns Jacobsson, s’explique, tandis qu’une association vient de porter plainte contre le fonds et son antenne lorientaise. (Ouest-France du 28 novembre 2000)

Les premiers chèques aux victimes de l’Erika ont été délivrés en février dernier. Assez vite. Mais depuis, le Fipol - Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures - semble frappé d’une certaine langueur. A la veille de l’anniversaire du naufrage, Mâns Jacobsson, l’administrateur du Fonds fait le point et s’explique. « Nous n’avons pas à rougir de nos délais. Je comprends la frustration des demandeurs. Ils sont dans une situation pénible.Mais nos délais, si on les compare à ceux des compagnies d’assurance, ne sont pas si mauvais. » Les derniers chiffres, arrêtés vendredi, font état de 2800 demandes d’indemnisation reçues, pour un montant de 282 millions de francs.

Remboursement plafonné à 50%

Sur ce total, assure Mâns Jacobsson, 1500 dossiers ont été évalués et 140 rejetés. Les dossiers approuvés représentent 80 millions de francs d’indemnités. Leurs bénéficiaires n’en toucheront que 40. Au nom de l’équité dit-il. « Nous ne savons pas si notre plafond d’indemnisation de 1,2 milliard de francs sera suffisant. Notre comité exécutif a donc décidé, en octobre, de ne rembourser les victimes, pour l’instant, qu’à hauteur de 50% de leurs demandes. Pour que les derniers servis ne soient pas lésés. »

Suédois, administrateur du Fipol depuis quinze ans, Mâns Jacobsson a eu à traiter des dizaines de naufrages de pétroliers. Celui de l’Erika est l’un des plus lourds. Il pourrait battre le record des indemnisations soit un peu plus de 800 millions de francs. Les seuls préjudices du tourisme devraient dépasser ce chiffre.

Plainte d’une association de victimes

Le pétrolier maltais est aussi en passe de battre des records en matière judiciaire. Les procédures s’amoncellent. Le Fipol n’y échappe pas. Une association de victimes, au nom de la Confédération maritime, pendant de la Confédération paysanne de José Bové, le vise entre autres dans une plainte pour « escroquerie et abus de confiance » déposée à Paris. Les plaignants s’étonnent des retards d’indemnisation et soupçonnent un blocage des dossiers depuis Lorient et la société Echo constituée en partenariat entre le Fipol et l’assureur du pétrolier, la Steamship Mutual Underwriting Association (Smua). L’assureur de l’Erika, société de droit britannique enregistrée aux Bermudes, doit contribuer à l’indemnisation des
victimes à hauteur de 84 millions de francs.

« L’argent est à Londres »

Où est cette somme, pourquoi n’a t-elle pas encore été distribuée ? L’association que préside Alain Malardé accuse le Fipol et l’assureur de « collusion ». Mâns Jacobsson, bien qu’ancien magistrat, n’aime pas ces querelles judiciaires. « Je préfère traiter les dossiers à l’amiable. » Quant aux accusations portées elles se fondent sur « des faits erronés ».

Les 84 millions de francs de l’assureur du pétrolier ne sont pas déposés à Lorient, précise-t-il, mais à Londres. La société Echo avec ses courtiers maritimes, « n’est qu’un bureau administratif, un canal d’enregistrement des demandes ». Seul Londres délivre les chèques. Par ailleurs, le financement d’Echo est indépendant du Fonds d’indemnisation proprement dit. « Il y a un mur entre les deux », assure l’administrateur. « Nous sommes un organisme intergouvernemental. Notre rôle c’est de payer. Nous levons des fonds pour cela. Nous ne tirons aucun bénéfice. » Et s’il reste un solde, il sera de toute façon, note le responsable du Fipol, réclamé par l’Etat français.

Bernard LE SOLLEU.


Voir en ligne : http://www.ouest-france.fr/dossiershtm/naufrage-erika/28-11-00.htm