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Erika : Total conteste sa responsabilité

lundi 8 octobre 2001
Ouest France

Tout en affirmant ne pas avoir accès au dossier de l’instruction, le groupe Total-Fina-Elf entend contester les lourdes charges, rapportées par les médias, que fait peser sur lui le rapport de Philippe Clouet, expert missionné dans le cadre de l’enquête judiciaire. (Ouest-France du 8 octobre 2001)

Ingénieur de l’École navale, capitaine au long cours, expert auprès de la cour d’appel de Rennes, Philippe Clouet démontre, dans son rapport de 50 pages, que lorsque l’Erika a pris la mer, le 8 décembre 1999, « il ne pouvait pas être affrété ». La direction de la communication de Total répond, au contraire, que « la base de données Sire (Ship inspection report) ne contenait aucun élément allant à l’encontre de ’’l’affrétabilité’’ de l’Erika ».

L’expert observe que « la subordination » que Total avait imposé au commandant du navire « semble déborder très largement le cadre habituel » mais s’étonne que, « une fois informé des graves avaries [...], il (Total) n’a pas agi en conséquence ». Là encore, le groupe pétrolier conteste : « L’affréteur [...] n’a aucune autorité pour interférer dans la gestion nautique et la sécurité du navire. [...] Ceci est d’ailleurs confirmé par le fait que Total a été prévenu bien après les autres parties concernées. »

Total soutient encore que « les capacités de chargement optimales du navire étaient respectées » et qu’il « n’incombait pas à Total de vérifier les quantités de carburant dont disposait le navire ».

Les réactions sont nombreuses depuis que Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée a rendu publique cette expertise, qui pointe aussi de graves insuffisances de la société de classification italienne Rina et des services de l’État.

Bruno Rebelle, le directeur de l’organisation écologiste Greenpeace-France, a annoncé, hier, qu’il va demander la mise en examen de Total-Fina-Elf. Pour la Confédération maritime, il faut que Total « finance l’intégralité du préjudice, soit un milliard d’euros, ce qui représente 10 % de ses bénéfices de l’année 2000. » Elle estime que le rapport met aussi en évidence « l’incohérence de la gestion du milieu maritime assurée par cinq ministères : il faut créer un corps unifié de garde-côtes ».

L’Union démocratique bretonne se dit, elle, « scandalisée » par le « pacte passé sur le dos des victimes » entre l’État et Total, à la veille du pompage de l’épave, qui prévoit que « aucune demande de réparation de dommages par pollution ne peut être introduite contre Total-Elf-Fina ».


Voir en ligne : http://www.ouest-france.fr/dossiershtm/naufrage-erika/081001.htm